|
Trois parties vous sont présentées: La première est tirée du livre de Marie-Renée Michel " Sillans des origines à l'Aube du 20° siècle". La deuxième est une compilation d'extraits et de recherches personnelles, de Jean-Pierre CARRIER, généalogiste, enfant de SILLANS. La troisième est une présentation du livre de madame Nicole CHABAH, complétant les informations sur le 19° et le 20° siècle. De quoi apprendre beaucoup, et d'être fier de cette commune. -o-o-o-o-o-o-o-o-o- Autres aspects de la vie Sillanaise L’habitat La terre restait le matériau essentiel de construction, cette terre roulée et façonnée par les gigantesques glaciers des ères géologiques, faite de sable et de cailloux, qui compose le sol de la plaine de Bièvre. On fit le pisé, selon une technique qui allait se perfectionner avec le temps. Elle consistait à monter des coffrages en planches (les banches) d’environ cinquante centimètres d’épaisseur à l’intérieur desquels on coulait de la terre, des cailloux, de la glaise mêlés. On damait fortement ce mélange et, quand il était sec, on montait une autre banchée accolée à la précédente, en largeur d’abord, puis en hauteur jusqu’à concurrence d’un ou deux étages pour la maison. Les soubassements étaient renforcés de cailloux roulés laissés apparents qui, disposés en épis alignés, servaient en même temps de décoration. Le toit débordait largement pour protéger les murs. Tout ce travail était réalisé par le propriétaire, avec ses fils, ses domestiques quand il en avait, ses voisins et amis, à charge de leur rendre le même service le moment venu. Un charpentier de métier dirigeait et surveillait les travaux. La maison achevée, le pisé était parfois laissé tel quel, avec sa teinte ocre qu’ont aujourd’hui à Sillans de vieilles granges encore debout. Pour les maisons « bourgeoises », on le recouvrait de crépi. Les habitations de pisé, aux murs épais qui gardaient la fraîcheur en été et une certaine douceur en hiver, étaient, et sont toujours « confortables ». Le choix des prénoms Si
de nos jours la Loi se croit obligée d’intervenir pour
brider l’imagination extravagante de certains parents, c’était
en toute liberté qu’au temps dit de « l’Ancien
Régime » les parents prénommaient leurs rejetons. 1641 : Dimanche ALBERT - Louizaz JOLLAN - Claudas QUIFFOR - Florie FALCOZ (féminin) - Antoine RONIN 1642 : Georgie SADON - Emaras VINOY - Flory CARRIER (masculin) - Eymard PERRIOL - Mondas GUYONNET - Gasparde DIJON - Spérance PRA - -Guigues MOLIERE 1644 : Ennemondas JOLLAN - Monde GUYONNET - Guigonne BARRAL - Benoîte LUXO - 1648 : Izabeau FALQUET - Benoïte SADON - 1649 : Mundas SADON - 1660 : Claudaz CHARPENAY 1672 : Izabel POURRAT - Espérance JOLLAND - Georgy JOLLAN 1674 : Ennemonde JOLLAN - 1677 : Virginie MURY - Emeraude COCHET - 1678 : Jeanton MICHEL - Jeoffrey SADON - Imbert ALBERT 1683 : Splandian (ou Esplandain PERRIOL) - Cyprian PERRIOL 1712 : Christianne MICHEL 1749 : Fleurie RONIN (féminin) 1752 : Ennemonde HUGONARD Deux prénoms bibliques, empruntés à l’Ancien Testament, pourraient laisser supposer une origine juive : Abraham CARRIER (1644) - Moïse DIJON (1727-1767) Mais il n’en est rien : ils sont « huguenots », ce qui n’est pas surprenant pour Moïse DIJON, né à St-Michel-de-St-Geoirs où les « religionnaires » étaient nombreux. 1731, année terrible. 1731 fut à Sillans une « année terrible », marquée par une épidémie meurtrière (dysenterie ou petite vérole ?) Le fléau sévit de janvier à novembre, avec un paroxysme en juin et juillet. 65 enfants et adolescents, de 6 jours à 17 ans moururent. 65 : plus d’un par semaine, un tous les 5 ou 6 jours…. Manants et bourgeois mêlés, certaines familles perdirent plusieurs enfants, parfois le même jour. Guigues RONIN et son épouse furent particulièrement frappés : ils perdirent, le 11 juillet, Etienne (3 ans et demi) et Françoise (6 ans), le 19, Benoîte (17 ans) et le 29, Marie (12 ans). Toute l’espérance d’une famille était anéantie en quelques jours. Vers 1740 : une forêt sans loups ? Ils pouvaient gambader, les petits Sillannais : ils n’avaient pas peur du loup ! Même si cet animal hantait les bois touffus qui bordaient de près le village, les gens savaient les tenir en respect. Nulle part, il n’est question de ces navrantes histoires de bébés et d’enfants emportés et dévorés, parfois sans qu’il ne restât rien à ensevelir, comme on en lit à la même époque dans les registres paroissiaux de Bossieu et de Primarette, villages à la lisière de la forêt de Bonnevaux Pour conclure Avant de finir sur le Sillans d’avant 1789, si l’on se retourne pour évoquer le panorama de la vie communautaire, l’impression qui se dégage est celle de gens menant une vie dure et laborieuse. Chacun dans sa sphère et à son niveau gérait au mieux de ses intérêts, qui sa fortune et qui sa misère. Un village comme les autres de sa région, où somme toute la vie n’était pas trop mauvaise. Mais déjà, en cette fin du XVIIIe siècle, fermentaient des rancoeurs anciennes accumulées et des aspirations nouvelles. Une inquiétude, un malaise perçus déjà en 1788 en Dauphiné, les Dauphinois ayant un temps d’avance sur la capitale, et les Sillanais, une mesure d’avance sur les autres Dauphinois en matière de contestation !!!!!! -o-o-o-o-o-o-o-o- SILLANS DE L’EPOQUE FEODALE A LA REVOLUTION Les métiers, la vie à Sillans de 1650 à 1792 PAYSANS Bien
que le sol de la Plaine de Bièvre ne fut pas aussi riche
que celui de sa voisine, Le
cadastre permettait de connaître avec exactitude les possessions
de chaque propriétaire terrien et de calculer au plus juste le
montant des impôts à en retirer. Les parcelles de terre
soigneusement situées, délimitées et mesurées
par un arpenteur qualifié étaient consignées dans
un recueil, le « parcellaire ». Celui de Sillans, daté de
Mars 1655, était fait de plusieurs cahiers grand format grossièrement
reliés en un volume de cinq centimètres d’épaisseur
environ. Ceux qui travaillaient la terre étaient répartis en laboureurs
et en journaliers. Les laboureurs étaient les plus riches « Le
laboureur possédait cheval et charrue bien à lui. Aussi,
allait-il travailler les terres du châtelain, du notaire ou de
quelqu’autre bourgeois de la ville ayant ferme à la campagne.
L’argent de son labeur, amassé peu à peu, lui permettait
d’acquérir un lopin de terre, puis un autre et peut-être
la chaumière qu’il occupait depuis plusieurs années ».
Les journaliers, moins fortunés, louaient à la journée
leurs services aux laboureurs. Entre 1724 et 1766 on recense à Sillans
24 journaliers, 8 laboureurs et 3 « travailleurs » sans autre
précision. Pris globalement, ce nombre représente une trentaine
de familles occupées au travail de la terre, travail dur, sur
un sol ingrat. On était à la merci des intempéries
et telle plainte formulée en 1745 a une consonance très
moderne: « A Sillans : procès-verbal des dégâts
causés aux récoltes de cette communauté par une
grêle et demande de dégrèvement d’impôt ». Les pois et les fêves y suppléaient, ainsi que les châtaignes, produites par les nombreux châtaigniers, groupés dans les bois au sud du village ou disséminés dans la plaine. Chaque maison avait son jardin potager, d’étendue très variable, où la ménagère cultivait les «herbes» : salades, épinards, poireaux et autres légumes verts. Les pommiers, poiriers et quelques noyers donnaient spontanément leurs fruits, sans intervention de techniques pour améliorer leur rendement. La vigne, en petites plantations sur les pentes du Mollard, fournissait une piquette aigrelette, dont se contentaient les habitants. A ces cultures alimentaires s’ajoutait celle du chanvre, objet d’un traitement artisanal. Les plus fortunés parmi les « laboureurs » élevaient vaches, boeufs, moutons, cochons et chèvres. Les chevaux étaient peu nombreux et réservés à la traction des chars et des charrettes au service de la culture des champs et du commerce. Les plus pauvres avaient au moins une ou deux vaches, quelques chèvres et brebis et un porc élevés dans les locaux proches de la maison d’habitation.Le lait ne sortait pas de la ferme : la traite et la fabrication du beurre et des « tommes », de vache ou de chèvre, faisait partie des occupations quotidiennes de la mère de famille. La laine était blanchie, filée et tricotée à la maison. ARTISANS Il n’y avait pas de boulanger : le pain était pétri à la
maison. Le meunier et
le « fournier » étaient des employés seigneuriaux
par les services desquels il fallait bien passer. C’étaient
des personnages, comme « Messire Vincent DURAND », dont le
moulin est mentionné en 1692 et «le nommé « VILLAZ» ,cité en
1753, au four duquel on portait cuire son pain pour plusieurs jours. Au service de l’agriculture étaient les maréchaux-ferrants. Le « maréchal » était très considéré. Il était souvent en même temps charron et tout ce qui roulait dans le village passait par ses mains. Entre 1689 et 1748, successivement ou ensemble, Benoît MICHEL, Jean MICHEL-MARGUERIT, Jean PERRIOL, et Louis ROSTAING s’y employèrent. L’habitat avait aussi ses artisans, même si tout bon travailleur de la terre était capable de construire sa maison de " pisé " couverte en chaume. Le seul maçon rencontré est Jean ALBERT, en 1738, et encore exerçait-il officiellement son métier à St-Sorlin, non àSillans. Il avait au moins deux menuisiers, les de FILLON père et fils : François et Pierre et trois charpentiers : François CARRIER, Humbert MICHEL, fils d’Antoine, et Joseph MICHEL, fils de Louis. MARCHANDS Si une grande partie de l’activité du village était d’ordre familial, il y avait des surplus, dont la circulation était assurée par les marchands, lesquels, en contrepartie, fournissaient aux villageois ce qui leur manquait. De 1687 à 1767 ils étaient onze à oeuvrer sous cette étiquette. Le plus illustre d’entre eux fut Louis REPITON (1687-1739), à la fois «châtelain» et « marchand ». D’autres commerçants jouaient un rôle important dans
le village : les cabaretiers. Pas de noms connus à cette époque,
mais il y a gros à parier que les quatre qui sont signalés
après 1793 : Jean-Baptise CARRIER-BASSET, Louis GRIVEL, Etienne
JOLLANS et Louis MARGOZ avaient hérité du fond paternel.
Leur existence, en nombre, est d’ailleurs attestée à propos
de l’affaire des livres prohibés : on fit la tournée
dans « les cabarets », ces endroits où circulaient
les nouvelles. Aussi notables que les chirurgiens étaient les notaires. Entre 1630 et 1782, Sillans n’en compta pas moins de six. Il y avait des « dynasties » de notaires, comme pour les chirurgiens et pour la même raison : le fils aîné succédait normalement à son père, à moins de manquer des capacités requises. Mis à part les cas assez fréquents où le notaire prêtait ses services aux gens des communes voisines (St Etienne, La Forteresse, Plan, Izeaux et parfois plus loin), il tenait à Jour, pour le village, contrats de mariage, testaments, ventes, achats, quittances, baux à ferme, obligations, échanges. En un temps où peu de gens savaient écrire, ces minutes, soigneusement rédigées et répertoriées, étaient la mémoire fidèle qui servait de références quand survenait contestations et conflits. Outre les GEOFFREY et les COCHE, étaient également notaires à Sillans Sr Claude de RUZAN et Sr Philibert CARRIER, ce dernier exerçant également à Izeaux. MAITRES D'ECOLE Le
travail du maître d’école était temporaire,
comme la fréquentation scolaire de ses élèves, qui
ne venaient en classe qu’à la morte-saison. -o-o-o-o-o-o-o-o-o-
"SILLANS, PETITE CITÉ DE GRANDES AVENTURES" Nicole
Chabah,
professeur de lettres modernes, et docteur en littérature
comparée, vient
de consacrer une remarquable monographie à la
commune de Sillans. Entre histoire et étude sociologique. L'occasion
de découvrir que cette petite cité de la plaine de Bièvre
a tissé, aux siècles derniers, des liens étroits
avec la Tunisie et le Canada.
Le hasard fait parfois très bien les choses. Le premier est consacré au départ des Sillanais en Tunisie, à partir de 1884: Joseph Carrier-Lange, Marius Camet et sa soeur Victoria, Frédéric-Alphone Brun ou encore Joseph Germain... et des membres de leurs familles respectives qui quittèrent le Dauphiné pour s'installer de l'autre côté de la Méditerranée qui comme agriculteur, qui comme commerçant... attirés par ces terres promises.( Zarzis, Tataouine, Bizerte, Tebourba...) Le deuxième parle de l'épopée canadienne. Nicole Chabah apprit également au cours de ses investigations que nombre de Sillannais avaient choisi de partir pour le Canada. Pierre-Louis Couet, son épouse Anaïs et leurs trois filles en 1896, Paul Michal et sa femme Clémence quelques années plus tard, Fernand Carrier en 1913... Ce chapitre est dédié à ceux qui laissèrent la Bièvre pour le Nouveau-Monde et un avenir meilleur. ( Blaine Lake, Loyd minster, Saskatchewan, Saskatoon...) Le troisième volet se rapporte au village entre la fin du XIX° siècle et la Première Guerre mondiale. Nicole Chabah détaille la vie quotidienne, les commerces, l'agriculture, les industries (soierie et chaussure), le chemin de fer, les coutumes locales... Pour terminer sur les répercutions de la Belle époque sur les jeunes d'alors. Le quatrième chapitre a pour sujet la guerre de 14-18, triste période qui vit 36 jeunes tombés sur les divers champs de bataille. Les uns après les autres, l'auteur rappelle leur souvenir. C'est ensuite l'entre deux guerres. Nicole Chabah évoque l'arrivée de l'électricité dans les foyers, l'installation de l'eau courante, la fondation de la société de musique, le développement du réseau routier... Plusieurs pages sont dédiées à l'entreprise "Le Trappeur", marque de brodequins puis de chaussures de ski bien connue et fondée à Sillans en 1887. Le dernier chapitre retrace Sillans durant le Seconde conflit mondial, les hommes partis à la guerre, l'occupation, mais aussi la résistance avec un hommage tout particulier à Victor Carrier. En effet, enfant de Sillans, il exerçait comme médecin à Saint-Marcellin dont il était le maire, et fut assassiné le 29 novembre 1943. En écrivant ce livre, Nicole Chabah a voulu se souvenir de ce village de Sillans où elle a passé "des heures merveilleuses étant enfant". Elle a souhaité également montrer le rôle que cette petite cité et ses habitants ont pu jouer dans le passé au titre d'ambassadeurs de la langue française dans des régions aux noms aussi peu familiers que Medjez-ElBab, Tataouine, Bizerte, Tebourba, Zarzis ou encore Blaine Lake, Loydminster, Saskatchewan, Saskatoon ou encore Titanic... Michel BESSON . "SILLANS, PETITE CITÉ DE GRANDES AVENTURES", aux éditions Alzieu, est en vente à Grenoble : à la librairie Arthaud, à la librairie de l'Université, à la "Bouquinerie";, et aux maisons de la presse de La-Côte-Saine-André et de Saint-Étienne-de-SaintGeoirs... A noter que les droits d'auteur de ce livre seront reversés à l'Association d'assistance et d'action pour les jeunes (ADAAJ, Palais de la Mutualité, 3, place Antonin-Jutard, 69 003 Lyon). L'ouvrage reste disponIble à la Mairie de Sillans. Références: "SILLANS, des origines à l'aube du 20° siècle", de Marie-Renée MICHEL.. Extraits de livres et recherches généalogiques de Jean-Pierre CARRIER.
---------------------retour page d'accueil-------------- |